Le présent polycopié est destiné aux étudiants de deuxième année Master de la formation académique Génétique. Il peut constituer également un fond pour tout biologiste désireux de s’initier à l’oncogénétique. Seuls sont présentés les principes et les concepts de base de cette nouvelle discipline très large, en s’appuyant le plus possible sur des données actualisées. Discipline de synthèse, l’oncogénétique s’appuie sur trois disciplines fondamentales : la physiologie cellulaire, la génomique et la biologie moléculaire ; enseignements prodigués en Licence et en première année Master.

La transformation néoplasique résulte d’une perturbation de l’homéostasie tissulaire qui est un équilibre délicat entre la prolifération qui génère de nouvelles cellules, la différenciation qui conduit la cellule vers une spécialisation irréversible et leur élimination soit par sénescence soit par apoptose. La rupture de cet équilibre, due à des anomalies des gènes qui contrôlent des processus clefs de la physiologie cellulaire, conduit à la prolifération incontrôlée qui caractérise le cancer. Comme nous le verrons dans ce polycopié, les altérations de certains gènes sont la cause de la transformation maligne des cellules. Ainsi, intrinsèquement, le cancer est une maladie de l’ADN. Cette affirmation ne veut pas dire que la part de l’environnement soit faible. La plupart des cancers naissent des interactions entre l’environnement (exposition aux carcinogènes) et la constitution génétique de l’individu.Les connaissances actuelles sur la biologie du cancer conduisent donc à considérer la prolifération maligne comme résultant d'une succession d'évènements le plus souvent rares et aléatoires dont l'accumulation permet à une cellule d'échapper au contrôle génétique exercé en permanence par l'organisme, et de se diviser de façon autonome, clonale et anarchique, acquérant au fur et à mesure de sa progression de nouvelles capacités de prolifération, d'extension, et de résistance aux tentatives de régulation endogènes et thérapeutiques.

Afin de faciliter la lecture de ce polycopié et de susciter chez le lecteur des questions et des réflexions, son attention est attirée par une organisation en plusieurs chapitres disposés selon un enchainement cohérent. Les deux premiers chapitres abordés dans ce polycopié sont consacrés à des définitions fondamentales visant à intégrer la terminologie particulière utilisée en oncogénétique. L’intérêt de ces volets étant de permettre à l’étudiant de comprendre les caractéristiques fondamentales des cellules cancéreuses in vitro et in vivo ainsi que de saisir la notion de gène cible des altérations carcinogénétiques (oncogènes et gènes suppresseurs de tumeurs). Cette partie constitue une base importante aux sections suivantes.

Les chapitres III et IV qui suivent sont consacrés à des rappels physiopathologiques concernant des processus clefs impliqués dans la transformation cancéreuse (cycle cellulaire et apoptose). Les grands principes de l’oncogénétique, à savoir les mécanismes des altérations géniques impliqués dans la transformation cancéreuse (chapitre V) et les différents types d'agressions génotoxiques (chapitre VI) seront ensuite expliqués d’une manière assez exhaustive, y compris des aspects souvent peu développés dans les manuels généralisés d’oncologie.

Au cours de la précédente décennie, d’importantes découvertes de la recherche fondamentale ont permis une meilleure compréhension des mécanismes de l’oncogenèse. Les progrès de la génétique des prédispositions aux cancers en sont un exemple démonstratif. Dans ce sens, nous avons opté pour clôturer ce cours avec un chapitre consacré à cette thématique (chapitre VII) qui situe bien cette discipline par rapport aux objectifs de l’offre de formation.

Cet enseignement de cours est complété par la réalisation de travaux dirigés qui est d’une importance capitale dans la formation et l’évaluation des étudiants. Depuis quelques années, une large majorité de la communauté universitaire s’accorde à dire que le modèle du cours magistral n’est plus la méthode d’enseignement par excellence. Les uns se plaignant du manque d’implication et d’attention des étudiants, les autres réclamant plus d’interactivité et de techniques de travail. Les travaux dirigés satisferont globalement les étudiants en répondant à leurs attentes.

Nous nous efforçons chaque année de concevoir des travaux dirigés diversifiés et actualisés sous forme d’exercices, de problèmes et d’analyse d’articles en adéquation avec les objectifs de la matière. Ces TD permettent à l’étudiant d’utiliser le bagage scientifique acquis en cours pour aborder des problématiques de haut niveau en oncogénétique complétant ainsi, au mieux, sa formation dans cette discipline.